Manifestation sportive à Navacelles en pleine période de reproduction d’oiseaux protégés

Entre le 5 et le 10 juin 2017, les préfets du Gard et de l’Hérault ont autorisé une manifestation sportive de slackline(1) dans le cirque de Navacelles qui a fait l’objet d’une forte médiatisation.
Aujourd’hui, FNE LR et le COGARD contestent la légalité de cette manifestation devant le Tribunal administratif de Montpellier au motif qu’elle s’est déroulée en pleine période de reproduction d’oiseaux emblématiques menacés et extrêmement sensibles au dérangement.
L’arrêté préfectoral étant paru au moment de la manifestation, il a été impossible pour les associations d’intervenir avant que celle-ci n’ait lieu. De fait, l’ensemble de la démarche des pouvoirs publics met en évidence le peu de considération accordée aux enjeux environnementaux qui font la singularité de ce site.

Le Cirque de Navacelles, un lieu très riche récemment labellisé « Grand site de France »

Le cirque de Navacelles, dans les gorges de la Vis, est l’un des hauts lieux touristiques des départements du Gard et de l’Hérault. Son attractivité repose sur la préservation de l’intégrité de ses paysages et de son patrimoine. Cette année, ses caractéristiques exceptionnelles lui ont valu d’être labellisé par l’Etat en tant que « Grand Site de France » (parmi les 17 sites français).
Plusieurs autres classements témoignent également de son importance : un classement par l’Etat au titre des paysages, une inscription au réseau européen Natura 2000 et une autre à la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO en juin 2011 (au titre des paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen).

Un événement sportif et médiatique en pleine période de reproduction de plusieurs oiseaux protégés

Malgré ces reconnaissances et la volonté affichée de préserver ce site, la manifestation de slackline qui s’est tenue du 5 au 10 juin a été organisée en pleine période de reproduction d’espèces protégées (Aigle royal, Crave à bec rouge, etc). Ces enjeux auraient dû être pris en compte afin de proposer des dates non dommageables à la biodiversité comme cela semble avoir été souligné par les services compétents de l’État sans qu’il en soit tenu compte(2).
Nous déplorons plus particulièrement qu’aucune étude d’incidence n’ait été mise en œuvre préalablement et pendant la manifestation pour en anticiper et en mesurer les effets. Le mouvement associatif qui investit une énergie considérable pour la connaissance et la préservation de cette biodiversité, trouve inquiétant que les pouvoirs publics ne garantissent pas sa protection alors qu’elle contribue à justifier les nombreux classements du site.

Notre mouvement  ne s’oppose pas à la valorisation touristique de ce site pas plus qu’aux sports de nature. Certains de nos membres travaillent au quotidien avec les sportifs de nature pour adapter au mieux leurs pratiques (escalade, slackline, parapente …) à la préservation de ladite nature.
Nous considérons que la valorisation de ce site ne saurait faire abstraction de sa préservation, et que les événements médiatiques, tels que celui en cause, devraient avoir pour objectif d’être particulièrement exemplaires sur la question de la protection de la biodiversité.

Comme le souligne Alain Ravayrol, administrateur de FNE LR : « la plupart des sportifs de nature comprennent le fait qu’il ne faut pas pratiquer pendant et dans les zones de nidification. Dans un tel contexte de coopération entre sportifs de nature et associations de protection de l’environnement, on comprend mal pourquoi les organisateurs, mais aussi les Préfets du Gard et de l’Hérault, n’ont pas décalé la manifestation avant ou après la période de nidification comme cela est toujours demandé dans des cas similaires ».


(1) : Funambulisme sur une sangle tendue. Dans le cas présent, la sangle était tendue au dessus du cirque de Navacelles, depuis le versant héraultais sur la commune de Saint Maurice de Navacelles jusqu’au versant gardois sur la commune de Blandas. Plusieurs oiseaux protégés nichent dans cette zone.

(2) : Il ressort des visas de l’arrêté contesté que la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) de l’Hérault a rendu un avis négatif à l’autorisation de la manifestation en raison de la mauvaise prise en compte des enjeux sur l’avifaune.


Contact presse :
Alain Ravayrol : tél : 06 81 59 49 47 ; email : ravayrol.alain [at] wanadoo.fr